C'est gentil chez toi,
Et depuis un mois
Que tu me reois,
Ben je m'aperois
Que c'est un peu mon toit,
Que les choses me tutoient,
Elles parlent de moi,
Elles parlent de toi.
Depuis le bahut breton
Jusqu'a la commode,
Me revient tout un feuilleton
En dix pisodes.
Sur cette vieille marquise
Toute dfonce,
La premire nuit fut exquise,
Pas moyen d'pioncer.
Je voulais reprendre mon souffle,
Revenir la vie,
En me traitant de pantoufle,
Tu m'as poursuivi.
Tu m'as rejoint sur ce pouf
Plutt mort que vif,
Je n'ai pas eu le temps de dire "ouf",
J'tais dans tes griffes.
Ce fauteuil grand dossier
Brod d'une rose,
Fait parti des initis,
Il sait quelque chose.
Nous avons notre secret,
Chaise de jardin.
Et ce petit tabouret
Est un vieux copain.
Depuis que j'ai jet le masque
D'honnte plombier,
Il a support nos frasques,
Ton pauvre sommier.
Jusqu'a cette nouvelle bourrasque,
Vendredi dernier,
O tu m'a laiss mou et flasque
Dans ton pigeonnier.
C'est gentil chez toi,
Et depuis un mois
Que tu me reois,
Ben je m'aperois
Que c'est un peu mon toit,
Que les choses me tutoient,
Elles parlent de moi,
Elles parlent de toi.
Mais pas assez mon got
Car je le sent bien,
Elles ne me disent pas tout
Et l'envie me vient
De fouiller dans tes affaires
Pendant ton absence,
Tant pis si je vais en enfer
O la potence.
Je soulve le matelas,
J'ouvre les tiroirs,
Je plonge et je fais un plat
Dans l'eau du miroir.
J'ouvre ton journal de bord,
Quel calendrier !
Anatole, Alphonse,Hector,
Je n'suis pas l'premier.
J'interroge ton calepin,
J'essaye tes bas,
Je mlange Arsne Lupin
Et Ali Baba.
Et puis soudain je sursaute
Comme pris en faute,
Mes yeux se posent sur toi
Dans un cadre en bois.
Je m'allonge sur le lit,
Rong de remords,
Lui aussi est dmoli,
Il n'a plus d'ressorts.
Ca me rend neurastnique,
Ces antiquits,
Vaudrait mieux plier boutique
Et puis tout quitter
Mais c'est gentil chez toi,
Et depuis un mois
Que tu me reois,
Ben je m'aperois
Que c'est un peu mon toit,
Que les choses me tutoient,
Elles parlent de moi,
Elles parlent de toi.